Résumé (partial, on va pas se mentir) des 2 derniers mois :
1) l'élection européenne est une tôle pour le parti présidentiel, le RN l'emporte très largement avec 31% des voix. Macron décide donc, au moment où il est faible et ses adversaires forts, de provoquer une nouvelle élection, et il y a urgence, donc dans 20 jours. Apparemment sa stratégie était que la gauche est irréconciliable donc la moitié s’allierait à lui, et que la droite pareillement s’allierait à lui, donc il allait gagner haut la main. Ou que le RN allait gagner et ça les affaiblirait (?). Bon, personne ne sais ce qu'il avait en tête, visiblement l'idée était tellement bonne que les rares auxquels il a fait part de l'idée lui ont tous dit que c'était une idée de merde, donc il l'a fait ! Maie le but est de prendre tout le monde de vitesse, l'élection est urgente.
2) Il faut croire que l'idée du RN au pouvoir galvanise un brin la gauche, qui en 3 jours : se reparle, s'organise, s'allie, se met d'accord sur un programme commun, et se met d'accord sur les candidatures. Donc, le plan "s'allier avec Macron" a un poil du plomb dans l'aile. La droite elle s'allie.... non, pas avec Macron, avec le RN. Donc, la stratégie de Macron est clairement gagnante (oopas !). Au premier tour la gauche se maintient à beaucoup d'endroits, et continue sa stratégie "tout sauf le RN" en se désistant de bon nombre de triangulaires et en appelant à voter contre le RN, y compris pour LREM ou LR (ce qui amènera à la réélection de certains qui leur chient dans les bottes 3 jours après... coucou Darmanin !). Tout le monde s'attend encore à une victoire du RN, l'objectif est de limiter la casse en ne leur donnant pas la majorité absolue.
3) Surprise, la gauche gagne l'élection. Pas de beaucoup, sans majorité, il y a 3 blocs, mais la gauche gagne. Subitement, l'urgence de cette élection n'est plus une urgence. Tout d'abord, psychodrame d'une semaine et demi : la gauche ne parvient pas à donner un nom de PM, ces gens sont des amateurs, ils peuvent pas se piffrer, etc... Puis un nom émerge (Lucie Castets). Silence radio de Macron, jusqu'à son "non, mais là, c'est les JO qui commencent, ce serait irresponsable de changer de gouvernement maintenant !"... Par contre, le gouvernement actuel démissionne, donc on a un gouvernement de Schrödinger : il gouverne, il décide au delà des affaires courantes car il influe sur la préparation du budget 2025, mais il est intouchable car l'assemblée ne peut pas lui faire une motion de censure, il est déjà démissionnaire ! 4D chess !
4) Un mois et demi se passe : les JO sont finis, mais toujours 0 changement. La gauche est toujours unie, toujours avec le même nom, qui depuis un mois et demi s'est fait un nom médiatiquement car elle a mouillé la chemise ! En face, les candidatures alternatives ont foisonné, mais sans réellement marcher (Xavier Bertrand, JL Borloo, Caseneuve, ...) : c'est bien de fustiger la majorité relative du Nouveau Front Populaire, mais une majorité alternative allant du PS à LR, c'est encore plus de la SF : que ce soit le PS ou LR, ceux qui se mouilleront dans une telle aventure seront radioactifs pour leur camp pendant des années, ce sera la fin de leur carrière.
5) On est à quasiment deux mois depuis le premier tour des législatives. Macron bouge enfin... non, il n'annonce pas un nouveau gouvernement, il annonce qu'il va "consulter". Depuis 2017, on devrai pourtant savoir que toutes les "consultations" ne sont que des "je vous informe de ma décision, et c'est sans appel". Donc, on a un planning de consultations, qui doit se terminer aujourd'hui. Jeudi la gauche est rencontrée, puis vendredi la droite. Le son qui sort de ces consultations (et du bruit médiatique depuis 1 mois), c'est "on censurera automatiquement s'il y a des ministres LFI", "on ne veut pas de ministres LFI", "un LFI ministre, c'est l'apocalypse", etc... Donc, fort stratégiquement, Mélenchon a samedi dit : "ok, donc si je vous écoute le problème c'est notre participation ? ok : si on ne participe pas au gouvernement, vous nommez donc Lucie Castets ?". Le piège s'est refermé, silence radio de la part des macronistes qui se sont fait avoir comme des bleus et qui cherchent actuellement une nouvelle excuse pour refuser un gouvernement de gauche.
6) On en est là. Quasiment deux mois que cette élection "urgente" est finie, et on a toujours pas de gouvernement, car selon la constitution c'est le président qui nomme quelqu'un. Pas de mention de délai, donc il fait ce qu'il veut. Quand le PM sera choisi, nul doute qu'il bataillera sur les noms de TOUS les ministres. Et quand bien même un gouvernement serai nommé, je vous annonce direct que si une loi votée ne lui convient pas, il n'hésitera pas à menacer de ne pas la promulguer !
En résumé : c'est une vaste farce ! Et à mon sens la moitié de la connerie actuelle si ce n'est les 3/4 provient de la constitution de la Ve République, qui donne un pouvoir immense au président.