Lexpage, c'est comme une boite de chocolat, on sait jamais sur quelle rubrique on va tomber    —  Chandler

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Ukraine

Guybrush 8343 Bob
Reprise automatique du message précédent.
Marcant Les ukrainiens progressent ?
Pas autant que les russes, de ce que j'ai lu. Les ukrainiens sont encore en train de "tester" les lignes adverses, j'ai l'impression.
yaug 1450 Spammeur
Alors, les nouvelles

Commençons par Wagner

Wagner est parti pour disparaitre, au moins du terrain européen.
Prigo a tenté un truc, ça n'a pas réellement marché, et du coup il a liquide une partie de ses activités. A suivre dans les semaines à venir.

Sur le front, ça avance.
Il est à noté qu'il y a toute une communication sur le fait que ça n'avance pas autant que voulu. Cette communication est à prendre avec des pincettes :
- Elle peut être utilisé par les ukrainiens pour de la guerre psy
- Elle est portée par des des pro russes en anti-otan à tout va
- On est sur des attaques sur des fronts fortifiés depuis des mois
- l'assaut sur Kherson a pris 4 mois avant de faire sauter le verrou, ne pas l'oublier ...

Une fois ces éléments pris en compte, regardons sur le terrain. Depuis 1 mois de contre offensive, l'Ukraine a libéré 300km2 de terrain, soit plus que ce qu'à pris la Russie depuis le début d'année.
On note 3 points chaud côté ukrainien, 1 côté russe.

Commençons par le côté russe : il y aurait une relance des assauts de le nord du Dombass, dans le secteur de Kremina. Quelques petits résultats locaux mais pas de réelle avancée pour le moment. A voir si c'est une vraie offensive ou si ils envoient ce qu'ils peuvent pour avancer et forcer les ukrainiens à se disperser (c'est mon hypothèse).

Coté ukrainien :
On distingue 3 secteurs d'effort :
- Kam'yans'ke/Orikhiv (Secteur sud 1)
- Grand Novosilka (Secteur sud 2)
- Bakhmut (Secteur Est)

Secteur SUD 1 :
C'est dans ce secteur qu'il y avait eu de "grosses" pertes de matérielles occidentales entre les mains de la 47ème brigade motorisée. C'est normal, l'attaquant perd souvent plus de matériel, surtout dans les premières heures du combats (un parallèle a été fait avec le débarquement pour montrer que le plus gros des pertes était dans les premières vagues). Il ne faut pas nier des problèmes d'organisation, de commandement ou autre, évidemment.
Malgré tout, cela avance dans le secteur. Le terrain est grignoté au fur et à mesure. On avance lentement, mais on avance.

Secteur SUD 2 :
C'est là qu'il y a eu le plus d'avancées. Plusieurs villes / villages libérés, on continue à avancer, puis à s'enterrer pour gérer les contre attaque russes. Un peu moins d'avances la semaine dernière, un ou deux villages libérés, mais surtout des avancées rangées d'arbres par rangée d'arbre.

Secteur EST :
Dans le secteur de Bakmut, là cela avance tous les jours. Les ukrainiens ont repoussés les front nord et sud autour de la ville et continue à pousser. Ils font le chemin inverse de Wagner durant les 6 mois d'offensive d'hiver.
La pression augment de plus en plus pour les russes dans le secteur, du coup des renforts sont envoyés.
Dans le secteur sud, les ukrainiens cherchent à faire tomber Klishchiivka, qui est noeud du coin et surtout qui domine le terrain à l'Est. La pression est très forte sur la ville et je ne m'étonnerai pas de la voir tomber d'ici une semaine.

On a donc 3, voir 4 brigades engagées et entre 9 et 12 en réserves qui sont en attente de pouvoir exploiter un affaiblissement russe.
Je ne sais pas si la contre attaque avance trop lentement ou non, ce qui est sur, c'est qu'elle use les russes et notamment leur artillerie. Les ukrainiens profitent de ces attaques pour faire de la contre batterie, et on voit se multiplier les vidéos de destructions de matériel d'artillerie russe. Cela va porter ses effets au fur et à mesure, mais pour le moment c'est en bonne voie.

Une des difficultés pour les ukrainiens c'est que les helicoptères de combat russe, notamment les KA-52 (aligator), qui sont très fragiles en attaque, le sont moins en défense. Cela tient au fait que leur guidage les force à rester immobile quand il cible un véhicule. C'est très dangereux en attaque, quand on est au dessus de l'ennemi, moins quand on est en défense, au dessus de ses propres troupes. Ils gagnent donc en efficacité. Il va falloir donc pour les ukrainiens trouver le moyen d'amener en deuxième ligne des moyens anti aérien. Les russes ne s'y trompent pas car ils ciblent ces moyens dès qu'ils le peuvent.

Concernant les frappes en profondeur, l'utilisation des missiles anglais et français fonctionnent bien, cela permet de taper plus loin dans les arrières que ne le peuvent les HIMARS (vu que les USA trainent les pieds pour fournir des munitions longue portée) et cela fragilise donc les arrières russes : QG / regroupement d'équipement etc ... Espérons que les occidentaux fournissent assez de volume pour que cela serve tout l'été.

Ce que l'on peut voir, c'est qu'on est pas sur de la percée fulgurante. Il fallait s'y attendre. Certains observateurs avertis ont prévenu que ce serait le cas. Tandis que d'autres hurlent déjà à l'échec ukrainien (ce qu'ils font souvent d'ailleurs ... )
En dehors des bulles pro ou anti ukrainiennes, ce qu'il faut voir, c'est que les ukrainiens ont environs 4 mois devant eux avant l'arrivée de la période des boues. Ils ne doivent donc pas se précipiter, travailler le terrain et l'adversaire autant que possible pour créer une situation propre à être exploitée.

Dans les buts, ils viseraient à atteindre la Mer d'Azov pour couper en deux le front et rendre compliqué à défendre toute la partie Ouest, Crimée comprise. On espère qu'il y arriveront, mais pour le moment c'est encore loin.
Il faut donc être patient. C'est un travail de modelage du front et de recherche de la fragilité.
Pour rappel l'offensive de Kharkiv n'était initialement pas prévue. Mais en constatant la fragilisation de ce front suite aux efforts ukrainiens à Kherson, ils ont monté une offensive sur place (ce qui explique aussi le manque de réserves pour exploiter encore plus loin l'effondrement de ce front).

Bref, patience et espoir.


Ce message a été modifié 1 fois. Dernière modification : 5 juillet 2023 à 14:31 par yaug.

Tchou 3555 Bob
J'ai pas vu passer ce matin une annonce comme quoi la centrale de Zaporijha (orth non certaine) était minée ? Propagance ukrainienne ? Non confirmé ? Trop tôt pour le dire ?
yaug 1450 Spammeur
Annonces des services ukrainiens.
Pas de confirmations pour le moment (en même temps à part un russe qui prend ça en photo ...)
C'est possible, c'est aussi possible que cela ne soit qu'une menace russe de plus.
Je voyais des commentaires d'un spécialiste dire que même si il faisait sauter des trucs, ce serait un dégât radiologique très localisé et donc assez inutile.

A voir. Mais vu le nombre d'alertes depuis des mois sur le sujet, pour le moment c'est plus une alerte régulière de plus qu'un truc prouvé. Après, c'est aussi potentiellement un truc dans la succession du pétage de barrage.

Edith lit ça l'instant : twitter.com/nexta_tv/sta…


Ce message a été modifié 1 fois. Dernière modification : 5 juillet 2023 à 13:47 par yaug.

roidelapluie 339 Maitre jedi
yaug 1450 Spammeur
Quelques nouvelles de l'Ukraine.

On a un peu plus de visibilité sur ce qu'il s'est passé dans les premières contre-attaques qui ont été assez lourdes en terme de perte pour les ukrainiens.
ils ont tenté de mettre en place des assauts motorisés coordonnés vers les premières lignes de défense russes, en mode OTAN. Cela a été un relatif échec, car même si ils ont avancés, les pertes étaient alors de 20% des véhicules engagés. Il faut dire que le modèle OTAN repose sur une suprématie aérienne, ce que les ukrainiens ne pourront jamais avoir. Sans parler qu'on a là les plus grands champs de mines depuis la seconde guerre mondiale, pas l'idéal pour un assaut de grande envergure quand les moyens de déminage sont limités.
Le NYT a sorti quelques articles pour parler de tout ça.
Il en ressort que les ukrainiens ont décidés de revenir à ce qu'ils savaient faire : des assauts par petites sections pour prendre les tranchées une par une. C'est plus lent, mais plus économe en matériel. On parle là d'assaut de 10 à 50 pax accompagné par 1 à 5/6 véhicules pour déposer et soutenir avec une puissance de feu lourde, le temps que les équipes d'assaut parviennent aux tranchées.
Les ukrainiens maîtrisent assez bien ces assauts désormais, mais c'est du saut de puce.

Exit donc la percée rapide comme espérée par beaucoup de monde en occident. C'était peu réaliste, les faits ont montré que c'était infaisable en l'état. Heureusement les ukrainiens se sont vite adaptés.
On est donc retourné à une stratégie d'attrition.
Le but des ukrainiens est :

1 - de supprimer au maximum l'avantage en artillerie des russes
Pour cela, ils agissent en contre batterie. On force les russes à tirer avec leur artillerie via les petits assaut d'escouades, l'artillerie ukrainienne vise alors ce qui tire. C'est plutôt efficace et les armes et munitions occidentales permettent une meilleur précision. Les ukrainiens y perdent aussi quelques pièces évidemment, les russes savent aussi faire. Mais le ratio est en faveur des ukrainiens et les pertes russe en artilerie commencent à être conséquentes.
Les chiffres osint donnent plus de 300 pertes confirmées pour l'artillerie russe depuis le début de cette opération ukrainienne et 1/4 de ce chiffre pour les ukrainiens.

2 - Amoindrir les capacités anti aérienne et de guerre électronique russes
Là aussi, l'idée et de rendre possible un soutien aérien un peu plus présent, et d'affaiblir les capacités de réponses russes

3 - Forcer les russes à utiliser leurs renforts
On fait le plus de dégât possible sur les troupes, afin de forcer les russes à déployer leurs renforts en premier afin de boucher les trous (et d'user ces renforts aussi).
Des rapports que l'on voit passer indique les premiers déploiement de renforts russes.
L'envoi de munitions à sous munitions par les US aident d'ailleurs à cette tache.

Cette usure est aussi réalisée par une très forte utilisation des drones suicides. Des drones FPV dotés de munition antichar et qui fonce sur les véhicules pour amorcer la charge. Cela permet de taper dans une semi profondeur et d'interdire les mouvements de l’adversaire. Sur certains axes, on a déjà des dizaines de véhicules détruits sur une même route en quelques semaines.
Cette saturation vise là aussi à user et fragiliser le front.

4 - Taper dans la profondeur.
On vise les arrières, pour user les QG et la logistique. Car la logistique, c'est ce qu'il y a de plus important. Une bonne position ne peut se défendre si elle n'a pas de munition ou d'artillerie pour la soutenir.
Et la Russie dépend avant tout du train pour cela. On a 2 axes : un via la Crimée, un le long de la côte de la Mer d'Azov, occupée par la Russie mais à portée de missile et même d'artillerie si les ukrainiens avancent.
Et pour taper dans la profondeur, il faut du matériel. Les anglais et les français ont livrés des missiles scalp, avec une portée de 300km. Cela ouvre des frappes en profondeur importantes (et ça fait très mal), mais les stocks sont limités, donc on ne tape que les cibles à haute valeur ajoutée.

Une carte qui reprend les cibles visées en juillet

Ces missiles ont notamment été utilisés pour des attaques sur le pont Tchongar, rendant la voie ferrée inutilisable pour un moment.

La profondeur russe, c'est aussi la mer.
Les ukrainiens développement de plus en plus de drones navales afin de menacer la logistique russe.
Cela a eu pour conséquence une seconde attaque sur le fameux pont de Kerch (après une première attaque à l'automne avec un camion piégé).
Cette nouvelle attaque avec un drone navale a endommagé une des deux voies routières du pont.
Et ce matin, après plusieurs attaques sans succès en pleine mer noire, une attaque cette nuit a eu lieu sur le port russe de Novorossiysk. Un des deux drones a été détruit, l'autre a touché et endommagé un navire de débarquement (fr.wikipedia.org/wiki/Cl…). Ces navires sont fortement utilisés pour amener des renforts (notamment des blindés) depuis la Russie vers la Crimée.

vidéo du drone jusqu'à l'impact
vidéo du navire remorqué avec un fort gite à babord.
Un commentaire d'un spécialiste du matériel russe sur l'impact. Les russes n'ont pas beaucoup de ces navires.

Au niveau opérationnel, on a toujours les 3 mêmes axes pour les ukrainiens et 2 poussées au nord pour les Russes.

Niveau russe :
Une offensive a eu lieu dans le secteur de Svatove. Elle a avancée de quelques kilomètres avant que les ukrainiens ne lancent une contre attaque pour les repousser. La tête de pont russe a été réduite mais existe toujours. Mais à première vue les ukrainiens n'ont pas du engager beaucoup de réserve pour figer le front alors même que le but russe était ici de les menacer et de les forcer à déployer leurs réserves.
Un peu plus au sud, dans le secteur de Kreminna, les russes poussent aussi fortement mais n'ont gagné que quelques centaines de mètres et n'ont pas forcé les ukrainiens à engager leurs réserves.

Les russes tentent donc au nord, ont quelques succès locaux, mais sans pour le moment inverser l'initiative qui reste aux ukrainiens.

Côté ukraine :

Cette carte montre que si ça avance, les premières lignes très fortifiées des russes sont à peine atteinte.
Si cela peut paraître décevant, il faut remettre cela dans le contexte : l'Ukraine n'a pas les moyens de foncer tête baisser et sans soutien aérien et doit donc viser à affaiblir pendant des semaines les russes pour pouvoir ensuite exploiter la situation avec ses brigades en réserve. Si elle peut l'exploiter, ce que l'ont peut espérer.
On est donc dans une situation où les 2 boxers cherchent à se fatiguer mutuellement.

L'Ukraine a réussi à faire engager beaucoup de réserves aux russes dans le secteur de Bakhmut. Elle avance un peu par là bas, mais doit surtout ensuite gérer de nombreuses contre-attaques russes pour tenter de libérer klishchiivka, sans succès de leur part pour le moment.
Sur le front Sud, les 2 axes avancent lentement. Les premières réserves russes ont été déployés pour renforcer le front.
On avance un peu régulièrement, mais pas de percée pour le moment.

Sauf effondrement soudain d'une partie du front, on va sans doute rester dans cette situation de gagne terrain / usure pendant encore quelques semaines.
A voir si l'Ukraine arrive à un moment à exploiter une faille et libérer une grosse ville, ce qui serait un objectif certes diminué par rapport à l'objectif initial de rejoindre la mer, mais donnerait une victoire plus que symbolique et exposerait les voies d'approvisionnement russes dans le secteur.

voilà pour ce petit point de situation de début aout. J'espère que ça se décantera d'ici la fin du mois.
Marcant 1160 Flooder
J'adore lire ses rapports, merci Yaug !
Guybrush 8343 Bob
Idem, merci :-)
yaug 1450 Spammeur
Un petit développement intéressant au niveau maritime.

Il y a 2 semaines la Russie a mis fin à l'accord sur le grain, qui permettait, sous l'égide de la Turquie et de l'ONU, d'avoir des navires civils qui chargent le grain ukrainien pour alimenter les pays pauvres qui l'achètent.
Suite à cela, la Russie a utilisé ses précieux missiles pour détruire des infrastructures portuaires à Odessa (port qui chargeait les céréales), des silos de céréales (60000 tonnes détruites), puis une attaques sur un port fluvial du Danube, détruisant encore des infrastructures portuaires et des silos de céréales.

Les dangers bien connus des céréales ...

il s'agit là de mettre la pression à l'international, de jouer sur la faim en Afrique, et autres joyeuseté du genre.

En même temps la Russie a prévenu qu'elle considérait alors tout navire qui se dirigeait vers les ports ukrainiens comme une cible militaire.

La réponse ukrainienne ne s'est pas trop faite attendre. Déjà avec l'attaque sur le navire de débarquement, et cette nuit, nouvelle attaque sur un pétrolier cette fois.
En plus de cela, la marine ukrainienne a déclaré les 6 ports russes principaux sur la noire comme des cibles légitimes.

L'idée derrière ça :
- Rendre coup pour coup à la russie et la forcer à retourner à l'accord sur les céréales
- Taper dans les caisses de la Russie déjà pas terribles. Ces ports sont très importants pour le commerce russe
- Faire flamber les prix des assurances navales. Et vu que la Turquie oblige à avoir une assurance valable pour franchir le Bosphore, c'est intelligent.
- Rendre plus complexe les approvisionnements des unités russes en Syrie, car il ne faut pas oublier qu'ils continuent à y bombarder et tuer des civils tous les mois.
- Forcer la flotte de la mer noire à escorter des navires civiles, et donc la détourner de ses missions de combat, et générer de la fatigue pour les équipages.

Bref, il y a une partie d'échec maritime, cela va être intéressant à regarder.
Entre une nation qui n'a quasi plus de flotte officiellement mais qui fait jouer sa startup nation pour mettre au point de manière quasi industrielle désormais, des drones navales avec une portée de 600 à 1000km (pour une charge d'explosif de 450kg); et une nation avec officiellement une flotte de la Mer Noire, mais qui se retrouve menacée en permanence et qui déjà perdu quelques navires et son navire amiral.

Bref, les jours prochains vont être intéressant sur ce sujet.
Guybrush 8343 Bob
yaug- Faire flamber les prix des assurances navales. Et vu que la Turquie oblige à avoir une assurance valable pour franchir le Bosphore, c'est intelligent.
Je ne savais pas que la Turquie avait ce "droit", et cette exigence. Qu'est-ce qui la justifie, concrètement ? :-)
yaug 1450 Spammeur
ça passe notamment via la Convention de Montreux qui régit le passage des détroits et l'accès à la mer noire

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