girl271Un jour, il sortira. La presse n'en parlera pas. Mais un jour, il sortira... Même si les parents des gamines ont du pardonner pour parvenir à survivre, c'est loin d'être le cas de la majorité de la population.
Je ne sais pas si on peut imputer à la justice cette "injustice" de libérer quelqu'un. Dans l'absolu, elle n'a fait que suivre la loi, et a fait le "maximum" qu'elle pouvait en prononçant la peine maximale prévue par la loi. Les juges ne sont pas les auteurs de la loi, mais bien les politiciens.
Je ne sais pas si on peut vraiment accuser la justice d'être injuste, même si ça arrive. Je pense que la justice fait bien son travail, en reconnaissant les torts, la culpabilité et l'importance des faits dans la grande majeure partie des situations. Le souci vient surtout (1) des peines prévues par les textes de loi et (2) de la mise en application de ces peines.
Dans l'absolu, pour l'histoire Dutroux, on peut discuter longtemps de savoir s'il devrait rester davantage ou non en prison. Ce qu'il a fait est impardonnable, tout comme ce qu'ont fait de nombreuses personnes qui sont aussi en prison. La question est de savoir à partir de quand on considère qu'une personne peut ressortir, parce qu'elle a "purgé" sa peine. Je ne parle pas en terme de "temps passé en prison, légalement parlant", mais bien, à partir de quand considère-t-on qu'une personne s'est amendée de ses actes (être privé de liberté, peu importe le confort qu'on associe à la prison, est une punition. Etre privé de sa vie pendant une longue période, c'est une punition. Ce n'est pas comme un coup de fouet qui cicatrisera et qu'on finira par oublier, là on parle d'une personne dont le tiers de l'existence est "parti en fumée", même si c'est "entièrement de sa faute").
Et là, ça devient très difficile d'estimer ce qui est "bon" (je vais éviter le terme "juste"), car il y a une grande part de subjectivité, dépendant de nos expériences, des médias, de la manière dont on a été atteint par un tel acte. Finalement, au delà du fait qu'on "doit pas toucher aux enfants", qu'est-ce qui différencie ce meurtre d'un autre ? En quoi est-il "plus coupable" qu'un "banal tueur" ? Doit-on faire une différence en fonction de la victime ? Doit-on faire une différence en fonction du nombre de victimes ? Que juge-t-on exactement ?
Enfin, et c'est souvent l'argument que je ressors dans ce genre de discussions, je suis de ces gens qui pensent que la prison est une mauvaise chose : non pas qu'il faut que ces gens soient en liberté, mais la prison est supposée être la "conséquence que l'on cherche à éviter", le machin auquel une personne normale (on peut discuter de ça aussi...) est supposé penser avant de faire une grosse connerie, le machin que les gens souhaitent éviter à tout prix. Une fois que la connerie est faite (peu importe la connerie), cet "effet dissuasif" est perdu : la personne va aller en prison, va se rendre compte que ce n'est pas génial, mais que c'est pas la mort non plus (sans jeu de mots). Je considère que le but premier de la prison n'est pas d'enfermer les gens, mais de les dissuader de faire des conneries qui les y amèneraient. Et corollaire de cette "fonction", la prison permet aussi d'isoler les gens dangereux (peu importe que ça soit un crime financier, moral ou physique !) des gens "normaux" (discutons aussi de ça, tiens).
Quand j'envisage la prison de cette façon, alors je me dis que son rôle est malheureusement très faible dans la société actuelle : les gens "corrects" n'évitent pas les conneries dans le but d'éviter la prison, mais ils évitent de faire des conneries juste parce qu'ils se disent que ce n'est pas correct. Ok, y a bien un part de gens qui considèrent que la "prison sanction" est la raison pour laquelle ils ne peuvent agir en toute impunité. Je dois sans doute en faire partie : je n'ai jamais envisagé de faire un crime, mais le jour où ça arrive, je pense que la principale raison qui fera que je ne le ferai pas, c'est l'idée de devoir passer une large partie du reste de mon existence enfermé, loin de mes proches. C'est suffisant, et ce sera suffisant (parce que je suis rationnel, mais le jour où je deviendrai fou, ce sera une autre question
). Je me demande s'il serait possible de quantifier ça, ce qu'on pourrait appeler "l'effet prison".
Pour les autres gens, les "incorrects" (au sens large), je ne suis pas sûr que cette "sanction prison" joue un grand rôle, et que renforcer l'aspect répressif change grand chose. Il suffit de constater tristement que le taux de criminalité n'est pas forcément plus bas dans les pays sanctionnant largement plus durement les conneries qu'on peut y faire. De mon point de vue, je crois sincèrement que c'est une question d'éducation et, probablement indirectement (ou directement, je ne m'avance pas
) d'intelligence : il faut "juste" que les gens soient assez malins (ou pas assez bêtes) que pour comprendre que leurs actions ont des conséquences, et que parmi ces conséquences, il y en a beaucoup que les autres voudraient éviter (être victime, c'est pas génial) et aussi d'autres qu'eux-mêmes voudraient éviter.